20 oeuvres pour (enfin) aimer la géopolitique ! 🎨

Francois Vuillerme - Mis à jour le 10/01/2021

Tu es lycéen et tu hésites à choisir la géopolitique comme spécialité ? Tu es déjà en terminale mais tu ne sais pas quoi choisir entre l’ESH ou la Géopolitique en prépa ECG ? Tu fais de la géopolitique en étude post-bac mais tu en as un peu marre d’étudier le développement des structures claniques au fin fond du Mali ? Tu souhaites simplement découvrir des œuvres qui ont un sens, des valeurs, un engagement ? Alors pas de souci ! Tu as frappé à la bonne porte. 😄

La géopolitique est un domaine qui est complexe, riche, intéressant et surtout nécessaire ! Mais il suffit de n’avoir aucune information sur la matière (ou même d’avoir un prof peu intéressant) pour totalement la délaisser. Laisse-moi aujourd’hui te prouver que la géopolitique est omniprésente et peut aussi être agréable à s’approprier.
Qui a dit que travailler la géopolitique ne se faisait essentiellement que par l’apprentissage d’un livre par cœur ? Qui a dit qu’il n’y avait pas moyen d’améliorer ses connaissances sur un sujet tout en se divertissant ? Qui a dit qu’une œuvre d’art ne pouvait pas laisser une trace dans ton esprit et modifier ta vision du monde à jamais ? 🤔

💡 Aujourd’hui, les Sherpas te proposent de voir 5 films, 5 œuvres musicales, 5 œuvres littéraires et 5 peintures qui t’apprendront beaucoup sans demander un effort surhumain. Nous t’offrons ici quelques clés pour apprendre à apprécier la géopolitique et pour découvrir des périodes et des idéologies plus en profondeur. La diffusion de la connaissance faisant partie de nos valeurs, nous espérons te faire découvrir des œuvres exceptionnelles que tu ne connaissais pas forcément, et d’en voir d’autres sous un jour nouveau.

Je ne ferai pas de grandes analyses des œuvres. Certaines sont très connues. D’autres sont très compréhensibles. Je mettrai cependant un ou deux sites expliquant en détail certaines œuvres (notamment pour les peintures, au sujet de la symbolique et de la technique) qui le feront mieux que moi. Le but n’est pas de te brider dans ma propre interprétation et analyse des œuvres. Le seul objectif de cet article est de te faire découvrir ou redécouvrir des œuvres qui sont autant de portes vers des époques et des situations géopolitiques différentes.

La géopolitique dans les oeuvres cinématographiques🎥

Le cuirassé Potemkine : la propagande communiste au cinéma

le cuirassé potemkine

👉🏻 Le cuirassé Potemkine est un film muet sorti en 1925 et réalisé par Sergueï Eisenstein. Il s’agit de l’un des films majeurs de la propagande soviétique. Interdit dans de nombreux pays durant la Guerre Froide, le film raconte et romance la mutinerie du célèbre cuirassée Potemkine, le fleuron de la marine impériale Russe, ainsi que la répression et l’insurrection qui s’ensuivirent dans la ville d’Odessa en actuelle Ukraine.

💡 Historiquement, la mutinerie du cuirassée Potemkine a effectivement eu lieu et est devenue un symbole de la Révolution Russe de 1905. Cette mutinerie est considérée comme un signe avant-coureur de la Révolution d’Octobre 1917.

💡 Ce film possède donc une importante symbolique pour le monde communisme : il fut réalisé pour célébrer le 20e anniversaire de la Révolution de 1905. C’est un film dit « de commande » qui a été expressément demandé par la Commission d’Etat. Ce film marque la naissance de l’utilisation du cinéma comme moyen de propagande par les soviétiques.

Bien entendu, le film a été orienté pour montrer une mutinerie montrant les débuts du rouage communistes, ce qui n’est pas une réalité. De plus, l’accent est mis sur la représentation filmée des clivages de la sociétés russes, sur les inégalités, sur la violence des pro-tsar et des hommes de pouvoirs qui n’étaient pas dans le camp des communismes et sur l’intelligence et la force de caractère des mutins.
Ce film est un véritable bijou du XXe siècle puisqu’il est considéré comme l’un des plus grands films de propagande de tous les temps. Il permet d’appréhender et d’entrer dans l’histoire soviétique du siècle dernier. Il fait comprendre comment se met en place une propagande, comment elle peut s’insérer dans l’esprit des masses et comment le pouvoir est mis en scène.

La particularité de ce film c’est qu’il est aujourd’hui peu connu du fait de sa difficile accessibilité (noir et blanc, muet, introuvable sur Netflix et j’en passe…) et pourtant, certaines scènes sont si célèbres que tu as forcément vu des reprises. Dans la scène la plus célèbre, celle des escaliers, une femme lâche le landau avec son enfant qui dévale les grands escaliers d’Odessa. Cette scène a été reprise par les Simpson, Les Incorruptibles ou encore la Cité de la Peur !

👉🏻 Plus qu’un simple film, le cuirassé Potemkine a été maintes fois analysé pour ce qu’il apprend sur le contrôle des masses et la fascination du pouvoir. Les idées de progrès et d’émancipations véhiculées, couplées au rêve de l’Unité communiste, ne se nourrissent que du dénuement, creuset des extrêmes. La représentation appauvrie du peuple et des marins mis en face des soldats flambants neufs à la marche mécanique et à la répression systématique (quasiment sans humanité) donne ce coup de poing qui modifiera la représentation des personnes les moins armés pour faire face à la propagande. Eisenstein nous offre une œuvre où chaque plan et chaque mouvement ne deviennent qu’une manière d’imprimer l’idéologie dans l’esprit de chaque observateur.

👉🏻 Ce film nous fait passer par 3 états bien différents, mais tous importants pour l’acceptation finale de l’idéologie.
– Tout d’abord la compassion et le sentiment de révolte face aux injustices. Les marins sont des héros pour les habitants d’Odessa mais sont soumis à une terrible injustice dès le début du film. L’injustice se poursuit lorsque l’armée massacre la population.
– Viens la démonstration de puissance. Le cuirassé détruit les signes du Tsar (les statues de lions) puis fait face en mer à toute la flotte du Tsar de Russie.
– Enfin : le respect infini de l’idéologie. La flotte du Tsar ne tire plus, au contraire, il célèbre la réussite du cuirassé, et se joint à lui ! Lorsque tout semble perdu, l’espoir renaît et jaillit avec puissance.
Le cuirassé Potemkine, c’est cela : l’atroce injustice qui devient le plus beau des espoirs grâce au communisme, romancé et rendu magnifique par le talent du réalisateur. N’hésite pas à aller le voir ! 😉

Mientras dure la guerra : Quand l’amour de la République disparaît

mientras dure la guerre

👉🏻 Mientras dure la guerra (ou « lettre à Franco » en Français) est le dernier film d’ Alejandro Amenabar. Sorti en 2019, il raconte l’histoire de Miguel de Unamuno qui voit peu à peu tomber la République qu’il avait bâtie dans la dérive fasciste de Franco, dictateur espagnol. Nous sommes en 1936, à Salamanque, la guerre civile espagnole (1936-1939) en était à ses balbutiements. Ce film raconte l’arrivée au pouvoir de Franco en Espagne. On le voit tout au long du film avancer ses pions, douter de sa légitimité et s’entourer des grands noms de l’époque.

Miguel de Unamuno va tout d’abord défendre dans un communiqué le coup d’Etat de la junte militaire, croyant réellement qu’il s’agit d’une étape obligatoire dans le combat face aux communistes pour garantir la paix et la stabilité de la république. Il changera d’avis au fur et à mesure du film, alors que le mécanisme fasciste se met en place.

💡 Mientras dure la guerra aborde le désarroi de la population par le prisme de ses intellectuels. Très fin dans son propos, il arrive tout de même à faire ressentir la brutalité du changement politique qui se joue sous nos yeux. Son respect pour les événements historiques assure une immersion totale dans les aspects les moins connus de l’histoire espagnole. Tous ceux qui auront eu des cours d’espagnol connaissent Franco et sa dictature, mais peu peuvent parler du passage entre la république et la Guerre Civile. Peu peuvent expliquer la pression politique, les enfermements et les tueries. Si vous souhaitez connaître un peu mieux cette partie, foncez sur ce film. Pour l’avoir vu deux fois au cinéma, il vaut vraiment le coup. 😉

Timbuktu : la Charia vue par l’art

💡 L’Afrique est souvent un continent mis en marge et oublié lorsque l’on parle de géostratégie à l’échelle mondiale. Trump ne la prenait pas en compte, elle n’avait pas son mot à dire pendant la Guerre Froide, elle a été spoliée de ses richesses et partagée par les grandes puissances européennes… Pourtant, l’histoire de l’Afrique peut être intéressante à observer et à découvrir, et c’est ce que je vais te proposer ici.

👉🏻 Timbuktu est un film réalisé par Abderrahmane Sissako en 2014. Il raconte l’histoire de la ville de Tombouctou, lorsque les islamistes l’envahissent et y imposent la Charia. La Charia est la loi Islamique qui codifie l’ensemble des droits et devoirs des musulmans au niveau collectif et individuel. Retenez bien ce mot, nous le reverrons plus tard. Du jour au lendemain, dans la ville de Tombouctou, la musique est interdite, le football aussi et les femmes sont persécutées. Des tribunaux se forment et rendent des sentences injustes et fermes. Pourtant, une partie de la population résiste, et font l’apologie d’une forme d’Islam différente et plus juste, plus ouverte.

💡 Timbuktu dénonce la Charia et prône un modèle d’Islam plus compatible avec les besoins et les envies de la société actuelle. Le film ne rejette pas l’Islam bien au contraire : il montre que foi et modernité peut fusionner et parfaitement s’imbriquer. Ce film permet de découvrir la face lugubre d’un monde que nous, occidentaux, nous ne connaissons pas (ou très peu).

Dans un pays où plus de 90% de la population est musulmane, le film montre la difficile (sinon impossible) adaptation de la population croyante et pratiquante sous le fondamentalisme religieux. Ce film devrait être un passage obligé pour tout élève de collège et lycée puisqu’il montre différentes Islam et donc empêche d’amalgamer et de mélanger fondamentalisme stricte et la religion du quotidien. C’est une porte d’entrée dans un monde qui est souvent difficile d’accès aujourd’hui. C’est un pas vers la compréhension des sociétés islamiques, du petit et grand Djihad et de la religion musulmane en générale. 😄

Valse avec Bachir : Quand la mémoire te protège

👉🏻 Valse avec Bachir est un film réalisé par Ari Folman. Il s’agit d’un documentaire autobiographique mis sous forme d’animation qui retrace le désir du narrateur de comprendre pourquoi il fait le même rêve depuis plusieurs années, et pourquoi il n’a que des souvenirs flous de certains moment de sa vie militaire. Le jeune Ari avait justement servi dans l’armée durant l’opération « paix en Galilée » provoquée par Israël. Nous suivons l’initiation du narrateur à travers sa rencontre avec d’anciens amis, ce qui lui permettra de reconstituer le puzzle qu’est sa mémoire. Son étrange rêve, des corps nus sortant de l’eau et traversant la plage, va peu à peu se muer en une effroyable vérité : celle des massacres de Sabra et Chatila en 1982.

💡 Sabra et Chatila sont respectivement des quartiers et camps de réfugiés palestiniens situés à l’Ouest de Beyrouth. Entre le 16 et le 18 septembre 1982 les milices chrétiennes des phalangistes ont massacré entre 460 et 3500 Palestiniens. Rappelons que « les Phalanges libanaises » est un parti politique libanais fondé en 1936). Le narrateur nous fait découvrir l’un des événements les plus tristement funestes du conflit Israëlo-Palestinien, l’un des plus vieux conflits encore sans issus aujourd’hui.

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J’EN PROFITE MAINTENANT !

Ce film est une très belle aventure à vivre. Le style du dessin et le mouvement appuient fortement le propos. L’apogée de ce film, c’est-à-dire le moment où le narrateur se souvient parfaitement du massacre, est à la fois poignant et déchirant. Le pari du cinéaste est réussi : on découvre, on comprend, on apprend. Vous passerez forcément un bon moment en le regardant, quitte à y verser une petite larme. 😉

También la lluvia : l’eau comme source de guerre

👉🏻 También la lluvia est un film réalisé par Icíar Bollaín, célèbre réalisatrice espagnole. Il raconte l’histoire d’une équipe de tournage arrivée à Cochabamba en Bolivie pour mettre en scène leur prochain film. Sebastian et Costa, réalisateur et producteur, ont pour objectif de raconter l’histoire de l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique ainsi que la mise en esclavage des indigènes. Retiens ça pour la suite, tu vas comprendre le parallèle qui sera fait tout au long de l’œuvre.

Seulement l’équipe de tournage, ayant choisi la Bolivie pour des raisons de coûts (ironique lorsque l’on tourne un film qui traite de l’asservissement des peuples autochtones !), va rapidement se retrouver au cœur d’un soulèvement populaire lié à la privatisation de l’eau de la ville par Bechtel, une multinationale américaine. Les manifestations éclatent alors, et gênent le tournage. Encore pire, le héros qu’a choisi Sebastian pour son film est aussi l’un des leaders des manifestations ! L’équipe de tournage se retrouve malgré eux au cœur de la guerre de l’eau à Cochabamba.

L’accent est mis tout le long du film sur le parallèle entre l’œuvre que tourne l’équipe de tournage, et le film dans lequel il se trouve : l’asservissement des premiers colons arrivant en Amérique n’est pas différent de celle des grosses compagnies faisant passer le prix de l’eau à un seuil impossible pour la majorité des habitants de Cochabamba.

💡 Ces événements se sont réellement déroulés. « La Guerre de l’Eau » est le nom donné aux violentes manifestations qui se sont déroulées à Cochabamba en 2000. L’entreprise Bechtel a réellement augmenté le prix de l’eau à un seuil épouvantable pour la population. L’œuvre est donc engagée et démontre que ce refoulement des citoyens d’Amérique Latine par les Etats-Unis continue encore.

💡 Cette œuvre permet d’entrer en douceur dans des siècles de relations unilatérales entre les Etats-Unis et l’Amérique Latine. Et c’est franchement intéressant. De la doctrine Monroe en passant par la United Fruit Company ou encore la prise de pouvoir de Pinochet, les Etats-Unis ont toujours eu une influence sur l’Amérique Latine, pour le meilleur… et bien souvent pour le pire ! 😶

LA GEOPOLITIQUE DANS LES ŒUVRES MUSICALES🎵

L’internationale : le chant révolutionnaire par excellence

Qui dit géopolitique au XXe siècle dit bien entendu communisme et Guerre Froide. Tu connais sans doute le gros de ce sujet : les deux blocs, l’URSS, Les Etats-Unis, l’idéologie libérale et communiste… Mais connais-tu l’histoire du communisme en France ? Savais-tu que le PCF (Parti Communiste Français) possédait un électorat fort ? Etais-tu au courant que le PCF faisait partie du Kominform, le regroupement des États et parti politique communistes ?

👉🏻 Incarnation du mouvement socialiste, l’International est pourtant né en 1871, à la suite d’une insurrection populaire qui a duré pendant plus de deux mois à Paris. Loin d’être resté dans les frontières françaises, l’Internationale s’entend à travers le monde depuis plusieurs siècles. Elle est un terreau propice pour le mouvement communiste : historique, facile à comprendre et ayant déjà fait ses preuves, l’Internationale résonne aujourd’hui comme le chant des ouvriers prolétaires en colère. 💡
L’Internationale servira même d’hymne nationale à l’URSS entre 1922 et 1944 !
Que l’on se sente socialiste ou non, force est de constater que la force du mouvement résonne dans cette musique. Cette musique est une bonne manière de découvrir à la fois l’idéologie socialiste et son impact au XXe siècle mais permet de découvrir toutes les luttes qui ont précédé la Guerre Froide. Et autant dire que pour tout connaître, il va te falloir beaucoup de passion et de temps, mais le jeu en vaut la chandelle. 😉

Hasta Siempre : révérence au Che

💡 Véritable icône des révolutions, tu as forcément entendu parler de Che Guevara. Sa tête est aujourd’hui absolument partout : t-shirt, mug et goodies en tout genre, drapeaux… il est l’une des plus grandes représentations de la lutte populaire, et à raison !

👉🏻 Effectivement, Che Guevara est l’un des « héros » qui a permis l’implantation du pouvoir communiste à Cuba. Je mets le terme héros entre parenthèses car, bien entendu, sa perception change en fonction du camp. Je ne parlerai pas spécialement de l’histoire de Cuba, c’est suffisamment dense pour en faire un article peut-être un jour. Si cela t’intéresse, je te mets quelques liens pour découvrir cette belle (et parfois funeste) histoire.

👉🏻 Hasta Siempre est une chanson de Carlos Puebla qui a autant servi à la gloire du Che qu’à diffuser à tort son décès… Cela ne semble pas clair ? Je vais tout t’expliquer !

En 1965, Che Guevara quitte Fidel Castro (le dictateur mis au pouvoir à la suite de la révolution cubaine) afin de continuer le combat communiste en Afrique, plus précisément au Congo. Il laissera une lettre d’adieu au peuple cubain, et demandera à Castro de la lire devant tout le peuple cubain. Cependant, Castro voyait le Che comme une potentielle gêne pour la consolidation de son pouvoir sur Cuba. Il va donc lire la lettre, mais de manière à laisser sous-entendre la mort du Che, afin de rester le seul pilier solide de cette révolution. Carlos Puebla, ayant cru à la mort du Che, composera alors une musique à sa gloire à partir de sa propre mélancolie… et cela 2 ans avant la mort de Che Guevara !

💡 Cette musique est donc la douce et lente souffrance lyrique d’un peuple qui a profondément aimé l’un de ses plus grands héros. Une musique qui résonne encore aujourd’hui, et qui possède toujours du sens pour de nombreux pays d’Amérique Latine.

These boots are made for walking : Quand l’œuvre est détournée pour la guerre

👉🏻 Cette chanson de Nancy Sinatra n’est à proprement parler pas une réelle chanson qui traite de géopolitique, du moins ce n’était pas son but initial.
La chanson parle d’une jeune fille refusant les avances d’un homme. Elle menace de le piétiner avec ses bottes. Difficile d’y voir une analyse géopolitique ! Et pourtant, elle fut réutilisée dans un contexte… un peu particulier.

La chanson a été enregistrée en 1966. Nous sommes en pleine Guerre Froide. Les guérillas communistes éclatent un peu partout même si l’on est dans la période que l’on appela la Détente (du fait de la nette amélioration des relations diplomatiques entre le bloc soviétique et le bloc américain, sans qu’il n’y ait pour autant un arrêté réel des compétitions… au contraire !). Cette période est surtout pour les américains celle de la guerre du Vietnam, défaite médiatiquement cuisante en 1975. Ici, nous sommes en 66. Nous sommes donc en plein milieu de cette guerre. La fatigue des troupes se fait ressentir. Les mécontentements augmentent. L’Amérique doit trouver des solutions pour garder le moral des troupes dans une guerre dans laquelle elle commence à s’embourber et qui est finalement plus difficile que prévu. La meilleure solution dans ce cas là est très simple et tient en trois syllabes : PRO-PA-GANDE.

💡 L’utilisation des stars sera justement l’un de ces outils efficaces visant à soutenir l’effort de guerre. La musique de Nancy Sinatra sera utilisée de nombreuses fois en tant que bande sonore dans les reportages et les films sur le Vietnam. Elle sera notamment utilisée dans Full Metal Jacket de Kubrick. Le film étant sorti en 1985, il ne s’agit pas là de propagande spécifiquement mais on peut voir la place qu’avait ce film à l’époque, Kubrick ne faisant rarement de places aux hasards dans ses films.

💡 Bien entendu, Nancy Sinatra ira elle-même chanter pour les soldats, directement au Vietnam.

Cette musique est assez représentative d’une époque assez singulière. La moindre petite allusion permettant d’enflammer le cœur des peuples, et voici que la musique change de vocation, détourne son propos, et finit par changer de sens dans l’imaginaire de tous.

We are the World : Quand les artistes s’engagent

👉🏻 « We are the world » est la chanson incontournable d’un disque écrit en collaboration par Harry Belafonte et Lionel Richie. L’objectif de ce disque était simple : venir en aide à l’Ethiopie, qui connaît une terrible famine au milieu des années 1980. Véritable tube de l’époque, « We are the World » rassemble une quarantaine de stars américaines chantant pour récolter des fonds pour l’Ethiopie (puisque les bénéfices du disque iront au pays).
Michael Jackson, Billy Joel, Tina Turner, Stevie Wonder, Bob Dylan, Ray Charles… autant de grands noms qui ont offert leur voix pour la bonne cause.

👉🏻 Le single est certes très bon mais il prend tout son sens lorsque l’on retrace un peu l’histoire de l’Ethiopie à cette époque. Cette famine (qui est en réalité une double-famine qui s’opère sur 2 ans) est à la fois un résultat environnemental (à cause des faibles précipitations de l’année 1984) mais aussi et surtout un résultat politique puisque la cause principale fut l’insurrection du FLPT (Front de Libération du Peuple du Tigré, un groupe armé social-démocrate) et l’insurrection du Front de Libération Oromo (un groupe politique qui se base sur la reconnaissance de l’ethnie Oromo en Éthiopie) dans le Sud du pays.

💡 L’économie de l’Ethiopie était basée à 90% sur l’agriculture. Le peu de pluie de ces deux années, couplées aux difficultés politiques, ont découragé les agriculteurs et mis à mal l’économie. Les différentes offensives armées ont détruit les récoltes qui étaient tout sauf abondantes. Les sécheresses à répétition durant toute la précédente décennie expliquent pourquoi cette situation de famine a été aussi catastrophique mais il faut bien comprendre que c’est avant tout la situation politique de l’Ethiopie qui explique en grande partie la famine que connaissait le pays.

Tu l’as compris, cette chanson est une porte d’entrée à toutes les études géopolitiques sur les liens qui existent entre le développement africain et la cause (et les conséquences bien entendus) des nombreuses disettes et famines.
Cette idée selon laquelle la majorité des famines africaines ne sont uniquement que le résultat du champs politique en Afrique est explicitée dans le livre de Sylvie Brunel : Famine et Politique (2002). Très intéressant, je te conseille vivement de l’avoir dans ta bibliothèque !

Sunday Bloody Sunday : La violence policières à son paroxysme

👉🏻 La célèbre musique de U2 est déjà un bijou en elle-même. Elle devient doublement plus appréciée quand on connaît l’histoire derrière. Sunday Bloody Sunday est une composition lyrique qui relate l’évènement du 30 Janvier 1972 en actuelle Irlande du Nord. Cet évènement est appelé « Bloody Sunday » (le Dimanche sanglant) : durant une manifestation pacifique des droits civiques à Londonderry, 28 personnes ont été prises pour cible par l’armée britannique.

On dénombre alors 14 morts et 14 blessés. Ce drame qui hante encore la mémoire irlandaise est survenu durant la marche pacifique pour les droits civiques. Il faut savoir que le contexte était très tendu en Irlande à cette époque. Les catholiques, minoritaires, étaient discriminés. Cette discrimination conduira la NICRA (Association Irlandaise pour les Droits Civiques) à mener diverses marches et actions afin de promouvoir l’égalité entre les catholiques discriminés, et les protestants majoritaires. Cette question s’est poursuivie sur plusieurs années alors que les émeutes se multiplièrent.

💡 Cette question est à mettre en relation avec la création des deux Irlande (sud et nord) lors de leur séparation par la Guerre d’Indépendance Irlandaise en 1921. C’est dans ce contexte (à cela s’ajoute le fait que Londonderry est une ville proche de la frontière entre les deux pays en tensions) que les revendications religieuses vont atteindre des proportions terribles. Le climat général en Irlande, ainsi que les divers ordres et annonces des chefs de police à l’armée vont propulser au rang de massacre une journée qui n’aurait dû être qu’une énième manifestation.

💡 La musique du groupe U2 est un hommage à la mémoire des civils tués ce jour. Il s’agit d’une dénonciation des violences policières en Irlande qui était une honte nationale. Le groupe a su mettre les mots sur ce sentiment de gêne qui collait à la peau de nombreux citoyens irlandais.

💡 There’s many lost, but tell me who has won
Il y a beaucoup de pertes, mais dis-moi, qui a gagné ?

The trench is dug within our hearts
La tranchée est creusée dans nos cœurs

And mothers, children, brothers, sisters
Et des mères, des enfants, des frères, des sœurs

Torn apart
Ont chacun été déchirés 💡

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LA GEOPOLITIQUE DANS LES ŒUVRES LITTÉRAIRE📚

Si c’est un homme : La déshumanisation des camps

👉🏻 Si c’est un homme est un livre de Primo Levi qui retrace sa vie dans les camps de concentrations nazi. Il s’agit d’un récit autobiographique, ce qui donne de la force à cette œuvre. Mais pourquoi avoir choisi ce roman en particulier ? Eh bien parce que son style décontenance et est assez intéressant à observer.

J’aime beaucoup ce livre car sa forme colle parfaitement au message de fond que l’auteur essaie de nous faire passer. On a une œuvre d’époque qui arrive à faire comprendre ce qu’étaient les camps de concentration au-delà des mots… et de la manière la plus inattendue qui soit !

Le livre ne respire pas la vie. Par-là, je veux signifier qu’il n’y a rien qui permet de discerner l’humanité dans ce qu’elle a de fort. La peine, la douleur, la terreur, l’horreur : tout ceci correspond à des traits humains, et l’horreur la plus absolue est une émotion forte qui permet justement de démontrer la puissance de l’humanité. Ce n’est pas ce que montrera Primo Levi.

💡 Ce livre est la simple et froide description factuelle, presque médicale, de ce qu’était l’incarcération dans les camps. Ancien chimiste, Primo Levi savait analyser tout en plaçant la juste distance entre lui et son travail. Ce travail mécanique et froid que nous a livré Primo Levi met rapidement mal à l’aise. Habitué dès la naissance à pleurer, crier et vivre la souffrance (autrement dit, à l’humaniser), l’auteur nous offre la parfaite et dérangeante description du génocide juif. Aussi mécanique que la bureaucratie nazie, aussi inhumain que les camps de la mort, Primo Levi réduit son essence et celle de ses compagnons aux morceaux de chair et à la force de travail qu’ils représentaient. Cela met en lumière cette perte d’humanité, aussi bien chez les nazis que chez les prisonniers.

💡 C’est une œuvre à lire dans sa vie, ne serait-ce qu’une fois. Elle apporte un autre regard que celui que l’on a habituellement. A la pitié et la tristesse, Primo Levi choisit l’indifférence qui nous scandalise. 💡

When the Emperor was divine : A la découverte d’une Amérique méconnue

👉🏻 Si je te dis Seconde Guerre Mondiale, racisme et camps, à quoi penses-tu ? Hitler ? Les Nazis ? Et si je te disais qu’il s’agissait aussi de l’Amérique !
Loin d’être des camps de la mort, les Etats-Unis avaient effectivement construit des camps afin de regrouper toute la population d’origine japonaise du pays. A la suite de l’attaque sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941, un rapport affirmait que les Américains d’origine japonaise étaient « inassimilables » et qu’il fallait les déporter pour la sécurité globale du pays. Et c’est parfaitement ce qui a été fait : près de 120 000 ressortissants d’origines japonaises furent déportés et internés dans des camps de relogements sordides.

👉🏻 When the Emperor was divine est un roman de Julie Otsuka. Il s’agit d’un récit qui s’inspire en grande partie de son histoire familiale. Même si elle ne l’a pas vécu, elle a réussi à parfaitement retranscrire ce dénuement provoqué par l’internement forcé des Américains d’origines japonaises dans les années 40. On y suit l’histoire d’une mère de famille et de ces deux enfants qui, du jour au lendemain, doivent quitter leur domicile pour monter dans un train partir vivre dans des camps spécialement conçus pour les accueillir avec le strict minimum. La famille va connaître le racisme des citoyens, la précarité malgré leur relative richesse avant les évènements, l’emprisonnement du père à cause de ses origines et surtout le difficile retour à la vie normale, alors que leur maison est devenue un squat où tous les objets de valeurs ont disparu.

💡 Il s’agit d’un roman historique qui marque au fer une Amérique qui a connu la division et le racisme dans l’urgence de la Seconde Guerre mondiale. Une Amérique victorieuse, mais qui n’aura pas été exempte de tout scandale. Julie Otsuka lance un appel à la reconnaissance des erreurs qui ont été commises envers une partie de la population, et au nom de la sécurité nationale.

Chaque chapitre nous plonge dans ces petits moments anodins qui, mis bout à bout, représente l’exécrable ambiance qui régnait alors. Une famille qui s’est appauvrie et dont les enfants tentent de s’accrocher au moindre symbole pouvant leur rappeler leur père ou leur vie normale, voilà ce qu’a aussi été l’Amérique de la Seconde Guerre.

Me Llamo Rigoberta Menchu : La véritable vie des indiens

👉🏻 Me Llamo Rigoberta Menchu est un livre traitant de la vie des indiens actuels en Amérique. Son auteure Rigoberta Menchu (il s’agit bien entendu d’une autobiographie) a reçu le prix Nobel de la paix en 1992 pour ses nombreuses luttes en faveur des peuples autochtones. Cette leader indigène n’est pas n’importe qui, bien au contraire.

💡 Cette œuvre explique en grande partie les mœurs de la communauté indigène que connaît Rigoberta Menchu ainsi que sa prise de conscience et sa lutte pour son émancipation.

💡 Elle a rapidement compris l’exploitation des Espagnols envers son peuple et n’a eu de cesse de chercher comment lutter activement pour retrouver sa souveraineté perdue il y a longtemps. Cette autobiographie relate et fait découvrir la vie des peuples exploités en Amérique Latine. Le roman raconte comment le combat se mène sur le terrain, et comment il est réprimé. Son frère est torturé et brûlé vif devant sa propre famille. Sa mère est elle-aussi torturée et mutilée à vie. Bref, Rigoberta Menchu nous montre ce que c’est réellement qu’être indien au XXe et XXIe siècle.

👉🏻 Elle a lutté toute sa vie, et ce livre est un témoin qu’elle donne au reste de l’humanité. Il s’agit d’une voix différente, qui montre l’Amérique Latine de l’intérieur. Ce ne sont pas les écrits d’un homme blanc qui exploite le paysan. Ce n’est pas le récit fantasmé d’un occidental imaginant la difficile vie des indiens. Il s’agit d’une femme qui fait partie de ce monde, qui l’a vécu et appréhendé. Il s’agit d’une femme qui décrit son entourage, son peuple et ses tortionnaires avec toute l’ardeur que lui donne son combat et sa personnalité.

Persepolis : L’Iran après le Chah

Persepolis est une célèbre BD autobiographique de Marjane Satrapi. Le film a permis une très grande reconnaissance de cette œuvre, mais je l’aborderai sous sa forme littéraire.

👉🏻 Marjane Satrapi, franco-iranienne, invite le spectateur dans son passé en Iran. Encore enfant, elle a vécu la transformation de la société Iranienne. De la chute du Chah jusqu’à la mise en place de la répression des symboles occidentaux par la Charia, nous suivons alors l’histoire d’une ado dans la fleur de l’âge de la rébellion. Ses doutes, ses peurs, sa difficulté à percevoir correctement l’avenir, son affirmation en tant que femme qui se retrouve inhibé, ses désirs, Marjane Satrapi nous fait découvrir comment elle a appréhendé l’arrivée des extrémistes à la suite de la révolution de 1979.

Ce film est une très belle manière de prendre connaissance des événements qui ont secoué l’Iran durant le XXe siècle. Tu ne le sais peut-être pas, mais l’Iran a été l’un des pays les plus progressistes du monde musulman, avec la Turquie ! Il était même l’un des précurseurs en matière d’égalité des sexes. Le pouvoir dans les mains de Mohammad Reza Pahlavi, dernier Chah d’Iran (titre porté par le roi iranien), fut dérobé à la suite de la Révolution Iranienne de 1979. Cette Révolution a mis au pouvoir les islamistes. L’Iran devient une République Islamiste, et certaines lois liberticides sont imposés. Pour la femme, il s’agit d’une régression considérable. Marjane Satrapi va vivre cette injustice qui, du jour au lendemain, lui imposera le voile intégral, la soumission au mari ou encore l’interdiction d’écouter de la musique Rock.

💡 Si tu veux regarder le film, tu peux totalement. Que tu choisisses le cinéma ou la BD dans les deux cas, tu passeras un très bon moment devant cette œuvre. 😉

Les hirondelles de Kaboul : L’Amour et l’Afghanistan

Tout comme Persepolis et Timbuktu, les hirondelles de Kaboul montre le monde musulman sous la Charia. Pourquoi l’avoir choisi alors ? Eh bien pour deux raisons principales:

👉🏻 La première est le fait que cette œuvre, écrite par Yasmina Khadra, montre la Charia vécu dans un autre pays encore. Timbuktu raconte la Charia au Mali, Persepolis en Iran, et Les hirondelles de Kaboul en Afghanistan. On peut dès lors observer des similarités et des différences, ce qui permet de croiser les sources, renforcer son idée sur la question et affiner sa connaissance sur le sujet.

👉🏻 De plus, le sujet va se traiter différemment et nous faire voir de nouvelles choses. L’amour sera au cœur du livre. Un amour rendu plus difficile (voire impossible) avec la Charia. Je ne raconterai rien particulièrement sur la trame principale, mais je te recommande chaudement de le lire. En plus de cela, l’œuvre explique certains principes d’effet de groupe qui sont assez importants à connaître : l’œuvre débute sur l’un des personnages principaux, Mohsen, qui participe à une lapidation publique. Dégouté de ce qu’il a fait, il n’a pourtant pas pu s’empêcher, dans la folie générale, de jeter lui aussi une pierre contre une femme à moitié enterré dans le sol.

💡 Ce livre raconte la honte et le dégoût que procure certaines lois islamiques envers la condition des femmes. Mohsen, très amoureux de Zunaira sa femme, se sentira humilié et honteux de ne pas pouvoir empêcher les autorités de placer sa femme sur un rang inférieur au sien. La honte, la colère, la révolte… tout ceci est exacerbé dans ce roman par l’amour. C’est cette Charia qui compromet l’amour qui est dénoncé dans ce roman. Et c’est l’une des principales raisons qui doit te pousser à aller le lire de ce pas.

💡 Si tu es fâché avec la lecture, pas de panique ! Le film existe ! 😉

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LA GEOPOLITIQUE DANS LES ŒUVRES PICTURALES🖼️

David Olère et les inaptes au travail : Quand on ne peut mettre des mots, on y met des images

👉🏻 Le style assez morbide de David Olère en dérange encore aujourd’hui plus d’un, et à raison ! Ce peintre n’aura pas fait qu’imaginer l’horreur qu’il mettra sur ses différentes œuvres puisqu’il les aura réellement vécues. En tant que peintre juif, David Olère fut déporté au camp d’Auschwitz entre 1943 et 1945. Puisqu’il avait une assez bonne consistance, il trouva (tout comme Primo Levi) du travail sur le camp ce qui lui permit d’éviter les chambres à gaz. Son travail consistait, pendant les deux années qu’il a passées à Auschwitz, à se débarrasser des cadavres des chambres à gaz. Tu commences à comprendre pourquoi les détails sont aussi réalistes. C’est la véritable mort qui hante chacun des tableaux du peintre, celle de tous les êtres qu’il aura vu passer entre ses mains. En tant que témoin, David Olère s’est donné pour mission d’étendre sa vision des camps grâce à sa technique et au réalisme de ses œuvres.

Il s’agit d’une oeuvre très souvent analysé en 3e dans le cadre de l’histoire des arts, voici une analyse assez sommaire du tableau.

La Guerre d’Otto Dix : L’enfer sur Terre

👉🏻 Otto Dix est un peintre expressionniste Allemand. Ayant reçu une formation militaire et ayant combattu durant de nombreuses campagnes au XXe siècle, il sera profondément marqué par l’horreur de la mort. Sous le régime nazi, il est l’un des premiers professeurs d’art à être renvoyé. Ses œuvres sont déclarées comme étant « dégénérées » et il sera enfermé pendant deux semaines par la Gestapo. Il fut obligé de participer à la Seconde Guerre Mondiale et sert sur le front Occidental. Il sera capturé par les Français en Alsace.

💡 Son œuvre La Guerre prend la forme d’un triptyque, c’est-à-dire une œuvre peinte en trois différents « panneaux » représentant chacun une partie différente d’un même tout. La forme en triptyque a pris son essor initialement dans un cadre religieux en Europe dès le XIIe siècle. Otto Dix utilise les modèles de la religion dans l’une de ces plus macabres peintures. L’œuvre possède en réalité 4 parties, comme de nombreux triptyques, puisqu’elle possède une prédelle, une partie inférieure servant généralement de support. Cette prédelle est intelligemment utilisée par Otto Dix comme l’emplacement d’un cercueil.

💡 Ce triptyque doit être analysé de manière temporelle. La partie à gauche représente l’arrivée au front par les soldats. La partie centrale est une illustration du champ de bataille qui est habité par la mort et la désolation. La partie de droite correspond au retour des survivants, bien amochés.

Si tu souhaites connaître un peu mieux ce tableau, je te conseille de jeter un oeil à l’analyse qui en a été faites ici

L’arsenal. La distribution des armes : amour, communisme et talent

👉🏻 Difficile de parler de peinture politique et d’amour sans mentionner Diego Rivera et Frida Kahlo. Très célèbres peintres mexicains, ils jouissent d’une véritable reconnaissance internationale. Ils ont vécu la Révolution Mexicaine entre 1910 et 1920 contre Porfirio Diaz, dictateur depuis 1876. Ils ont tous les deux fui le pays pour revenir en 1921, continuant le combat et créant des œuvres à vocation plus ou moins politique. Celle dont je vais te parler est justement l’une d’entres elles.

💡 On peut voir sur cette peinture Frida Kahlo et Diego Rivera, militant ensemble et distribuant des armes aux peuples. Les faucilles et les marteaux sur drapeaux rouges nous indiquent bien entendu de quel bord sont Rivera et Kahlo. L’œuvre a été peinte en 1928.

Cette œuvre est une invention de la part de Diego Rivera, puisqu’il n’a pas participé à la révolution mexicaine (il se trouvait en Europe). Cependant, il est attaché au parti communiste et conçoit des œuvres à la gloire des révoltes et des travailleurs.
Le contexte politique est important à connaître. Plus que la Révolution Mexicaine, il s’agit aussi de la révolution russe de 1917, lorsque le communiste reprit le pays aux mains du Tsar. Ce n’est donc pas tant une image de la Révolution Mexicaine qu’une œuvre voué à montrer le combat d’une vie, celui du communisme contre la structure capitalistique profondément inégale.

👉🏻 Pour aller plus loin, il est important de mentionner que Diego Rivera est l’un des précurseurs du muralisme qui est né au Mexique. Il s’agit d’un style de conception d’œuvre picturale reprenant l’idée de la fresque murale que l’on offre au peuple. C’est un style de peinture teinté d’idéologie. Plus encore, le principe du muralisme garde un côté un peu traditionnel qui vante la culture et la tradition précolombienne. Ce mix parfait entre révolution politique et réappropriation de sa culture traditionnelle explique l’essor de ce style et son ancrage avec le monde qui l’entoure.

Rappelle-toi qu’un style ne naît jamais sans aucune raison. C’est le cheminement des pensées des hommes. Un style apparaît chaque fois que l’art est en défaut pour exprimer une nouvelle sensation. C’est pour cela que les atrocités des Guerres du XXe siècle ont amené l’essor de l’expressionnisme et du surréalisme. C’est pour cela que les injustices et la modification profonde des rapports entre les hommes ont fait naître le primitivisme chez Basquiat par exemple. La culture et la politique de l’Amérique Latine au début du XXe siècle expliquent parfaitement les choix esthétiques de Diego Rivera et de Frida Kahlo dans leur combat pour le communisme.

De même que pour les précédents tableaux, voici une analyse que l’on peut retrouver facilement sur internet.

Guernica : l’engagement contre le Franquisme

👉🏻 Je vais te parler de l’un des tableaux les plus connus de l’un des peintres les plus connus, donc je me doute que tu dois potentiellement le connaître, et peut-être même que tu l’as étudié ! C’était mon cas en 3e, mais un petit rappel ne fait jamais de mal.

Pablo Picasso est un peintre du XXe siècle, immensément connu et qui a créé son propre style : le cubisme. Il a montré ses talents en peinture bien avant de créer le cubisme. La Celestina, par exemple, est une œuvre de Picasso démontrant sa technique.

💡 Picasso est un peintre Espagnol qui a connu les combats visant le retour de la République, puis la Guerre Civile (1936-1939) et le régime dictatorial de Franco. C’est un peintre qui a été marqué par la Guerre et les massacres dans son pays. Guernica, l’une de ses œuvres majeures, est justement la représentation de cette lutte contre la violence. Il s’agit d’une œuvre engagée qui dénonce les horreurs du nazisme et du franquisme. En effet, le 26 avril 1937, lors de la Guerre d’Espagne, la ville de Guernica fut bombardée par les troupes nazies sous les ordres des nationalistes espagnols. Ce tableau est donc une initiation vers une époque tourmentée où les arts pouvaient servir de relais à la dénonciation et au combat des idéologies mortifères.

« La peinture n’est pas faite pour décorer les appartements ; c’est une arme offensive et défensive contre l’ennemi »
Pablo Picasso, à propos de Guernica

Clique ici si tu veux une analyse assez complète de l’oeuvre de Picasso

The Problem We All Live With : le racisme à l’épreuve du XXe siècle

👉🏻 Nous n’avons que peu montré d’œuvres en rapport avec le racisme anti-noir, et pourtant il s’agit d’un fait majeur du XXe siècle. Le rapport à l’autre, notamment à cet autre « noir » qui n’a d’étranger que sa couleur de peau, a grandement évolué durant la seconde moitié du XXe siècle et aujourd’hui. C’est pourquoi je pense qu’il est important de parler du célèbre tableau « The Problem We All Live With » de Norman Rockwell.

Ce tableau est un symbole et met en lumière un fait historique qui s’est réellement déroulé. Il représente la petite afro-américaine de 6 ans Ruby Bridges se rendant pour la première dans une école fréquentée par des enfants blancs en 1960. Tu n’es pas sans savoir qu’à une époque les Noirs et les Blancs étaient séparés aux Etats-Unis : on nomme cette période la ségrégation. Ce tableau ne porte pas spécifiquement sur cette période. Il traite en réalité de la période où le processus de déségrégation fut mis en place.

💡 On peut voir la petite Ruby Bridges escortées par des adjoints du Marshal (un équivalent de shérif) de la ville. On comprend rapidement qu’il s’agit d’une protection nécessaire : la tomate jetée sur le mot et les lettres N I G G E R nous le font rapidement comprendre. Elle n’est pas la bienvenue. Et pourtant, son intégration est cruciale pour la société américaine.

💡 Ce tableau est donc une porte d’entrée vers toute la complexité que fut la question noire aux Etats-Unis et qui, encore aujourd’hui, continue de poser problème. Si tu veux en savoir plus, tu trouveras des informations utiles dans notre article sur Trump et sa politique intérieure

Voici une petite analyse type histoire des arts sur cette peinture de Norman Rockwell

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Francois Vuillerme
Passionné de géopolitique
Actuellement à GEM et passionné par la géopolitique, je continue mes études dans le but de devenir manager en gestion de risques. Mes articles traiteront essentiellement de cette matière ou bien d'actualité 😉

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