Inégalités : quels impacts sur la croissance économique ? 🗣

Rédac des Sherpas - Mis à jour le 01/11/2020
Inégalités et croissance

La question des inégalités est au coeur de beaucoup de tensions sociétales aujourd’hui; c’est devenu un sujet de débat majeur, notamment durant les périodes d’élections. Par exemple, Barack OBAMA dans un discours datant de 2015 s’interrogeait : « accepterons-nous de vivre dans une économie où seuls quelques uns s’en sortent de manière spectaculaire? ». On pourrait croire que la question des inégalités est une tendance nouvelle, accentuée par des phénomènes tels que la mondialisation, les NTIC… Pourtant, dès 1845 dans De la liberté du travail Charles DUNOYER énonce « réduisez tout à l’égalité et vous aurez tout réduit à l’inaction », avec l’idée que l’égalité serait un processus désincitatif qui, à terme, réduirait l’activité économique, chacun se reposant sur la générosité d’autrui. Les inégalités seraient donc nécessaires. Que penser alors des relations complexes et ambivalentes qui unissent les inégalités et la croissance économique ? 🎤

Tout d’abord, pour pouvoir répondre à de telles interrogations, tu dois savoir définir  les inégalités. On entendra par inégalités les différences entre les individus et les groupes qui se traduisent par une hiérarchie économique et symbolique au sein de la société. Tu peux, pour approfondir la définition, utiliser la définition de François DUBET dans Les places et les chances (2010)  qui distingue les inégalités « des places » (inégalités statiques entre les individus à un moment donné de leur vie) et « des chances » (inégalités dynamiques liées à l’origine sociale et qui se maintiennent au détriment du mérite). 🚀

À la lumière de l’histoire, ainsi que de beaucoup de théories économiques, les inégalités permettent de maximiser la croissance par des phénomènes d’incitation 📈

Au coeur du processus d’incitation, les inégalités sont causes et conséquences de la croissance.

Le premier auteur à appuyer directement la nécessité des inégalités dans le processus de croissance, c’est SCHUMPETER dans Théorie de l’évolution économique (1911). Selon lui, l’entrepreneur est la clé de la croissance économique car c’est lui qui investit et qui régénère le système économique. Mais pourquoi investit-il ? Il fait cela car il cherche une rente de monopole, elle même possible seulement si les différences de revenu entre les individus sont possibles. Le profit et l’inégalité sont donc consubstantiels à la dynamique de l’innovation. L’inégalité est le résultat de la prise de risque, et donc de la croissance. C’est dans cette mesure qu’il insiste sur la nécessité d’une certaine concurrence pour la croissance, retrouve toutes les informations sur la concurrence aux concours HEC sur ce lien : La concurrence en économie

👉🏻 EXEMPLE : Pour exemplifier cet auteur, tu peux aller chercher dans le programme de première année (souvent négligé par les candidats) : par exemple avec ARKWRIGHT qui fait fortune en Angleterre au 18ème siècle, avec la Water Frame en 1769.

Plus fondamentalement, si certains estiment que les inégalités peuvent être délétères, aucune lutte contre celles-ci n’est recommandée car la lutte en elle même est illusoire.

Plusieurs auteurs viennent illustrer ce propos, je t’en met plusieurs pour que tu puisses utiliser celui que tu sens le mieux.

1. La critique de l’impôt et le point de vue de LAFFER.

Pour LAFFER, la lutte contre les inégalités passe en priorité par l’impôt, or celui-ci est fondamentalement distorsif au delà d’un certain seuil ce qui rend délétère toute lutte. Il montre que « trop d’impôt tue l’impôt ». Imposer une fiscalité abondante pour lutter contre les inégalités est désincitatif. Avec un impôt trop important, les agents vont arrêter de travailler, délocaliser leurs production, faire de l’évasion fiscale… On pourra dire que, avec lui, choisir les performances, c’est renoncer à la justice sociale. L’avantage d’utiliser LAFFER c’est que tu peux faire un graphique de micro-économie, je te propose celui-ci : 

graphique inégalités SES ESH Economie

2. HAYEK : la critique radicale de la justice sociale.

Dans une perspective plus philosophie voire utopique, HAYEK, dans Droit législation et liberté, tome 2 (1982) montre que réduire les inégalités c’est recourir à la fiscalité, ce qui a deux effets principaux : (1) l’inflation qui est le pire des maux car elle brouille l’information (2) c’est un « viol de la propriété privée » et du patrimoine individuel. Ainsi, il n’y a qu’une issue à la lutte contre les inégalités, c’est se retrouver dans un système proche de l’URSS, sur La route de la servitude (1944). Pour lui la notion de Justice Sociale est vide de sens car le marché est une « catallaxie », c’est-à-dire un ordre spontané, résultant d’actions d’hommes conscients et non construit ni planifié. Elle est même dangereuse car elle revient à personnifier la société et à l’imposer aux hommes, et énonce alors : « aussi longtemps que la justice sociale régira l’action politique, elle se rapprochera d’un système totalitaire ».

👉🏻 EXEMPLE : Pour exemplifier un de ces deux auteurs, je te propose une analyse peu connue de deux auteurs qui montrent en quoi des impôts comme le RMI sont incapables de réduire les inégalités, et ne font qu’aggraver la situation économique. D.ANNE & H.L’HORTY. « Transferts sociaux locaux et retour à l’emploi » (2002) : certaines prestations sociales sont remises en cause pour des motifs d’incitation. En effet, on reproche à la redistribution de créer une trappe à inactivité, les travailleurs les moins qualifiés étant peu incités au retour à l’emploi compte tenu de la faiblesse du gain. Ainsi, un couple avec 2 enfants doit travailler 44h30 au SMIC horaire par semaine pour atteindre le même niveau de vie qu’en restant au RMI et en bénéficiant des droits connexes liés à ce statut. Le taux marginal de prélèvement sur le RMI est en effet de 100%. Tout euro gagné en travaillant diminue d’autant le montant du RMI. L’incitation du retour à l’emploi est donc ainsi nulle. Cela a donc de quoi expliquer la stagnation séculaire de la croissance puisque selon les écrits de GORDON, Is US growth over Yet ? la hausse du montant de la dette – provoquée par les multiples dépenses inefficaces – est un des vents contraires à la croissance.

Les Etats renoncent alors aux politiques de réduction drastique des inégalités menées pendant les 30 Glorieuses.

Les Etats renoncent alors aux politiques de réduction drastique des inégalités menées pendant les 30 Glorieuses, en supprimant ou limitant la croissance des salaires minimum, baissant les taux marginaux d’imposition (par exemple l’Economic Recovery Act de R.REAGAN), favorisant la libre circulation des capitaux et tolérant une optimisation fiscale de plus en plus sophistiquée, qui sans doute stimulent la croissance (ici un graphique de micro bienvenu, dans une logique d’intervention publique non-distorsives), mais augmente les inégalités au sein des PDEM.

👉🏻 EXEMPLE : Ici ça pourrait être intéressant d’utiliser un exemple récent. Je te propose par exemple d’utiliser la Chine qui a introduit les inégalités dans son système post-communiste et qui voit son salaire moyen augmenter de 52% depuis 2012 selon un rapport de la Banque Populaire de Chine (2018).

Enfin tu pourrais finir en évoquant la courbe de KUZNETS. Il montre que la hausse des inégalités est consubstantielle au développement puis finit par se résorber. Lorsqu’un pays de développe, que le revenu par habitant progresse, cette augmentation entraîne une augmentation des inégalités. Puis, à partir d’un certain seuil, quand le revenu par habitant continue d’augmenter, les inégalités reculent. Dans les pays développés, entre 1820 et la crise de 1929, la croissance progresse (même si elle est irrégulière) et les inégalités progressent aussi. Entre la crise de 1929 et 1955, les inégalités chutent. Cela semble donc vérifier cette courbe. 

TRANSITION : on peut plus ou moins se mettre d’accord sur le fait que les inégalités « des places » dues au mérites sont nécessaire à la croissance, nonobstant que se passe-t-il si elles se transforment en inégalités « des chances », indépendantes du mérite ? 

Agathe

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Cependant à moyen et long terme, si un certain type d’inégalité persiste, elle sera délétère pour la croissance  📊

ALESINA et RODRIK, Distributive Politics and Economic Growth (1994) : démontrent une relation empirique entre un niveau d’inégalités important et  une croissance faible. Ils expliquent ceci par les outils keynésiens. On peut alors dégager plusieurs points.

Les inégalités limitent la demande et donc la croissance.

En vertu de la loi psychologique fondamentale (KEYNES, La Théorie Générale (1936)), la consommation baisse puisque les riches ont une propension à consommer qui est plus faible que les pauvres et qu’ils détiennent tout le revenu. Certains ménages gardent une part trop importante du revenu national, donc les inégalités ralentissent la croissance. Cette théorie est corroborée par STIGLITZ, The Price of Inequality (2011) qui estime que si l’on avait fait un transfert de 5 points de richesses des 1% les plus riches vers les 1% les plus pauvres, cela devrait entrainer une hausse de demande à l’échelle du pays d’environ 2 points, ce qui permettrait de faire baisser le chômage.

👉🏻: EXEMPLE Je te propose ici de faire quelque chose d’original, c’est de mettre un schéma de macro-économie. Tu peux présenter le circuit économique tel que les keynésiens le présentent : 

Circuit keynésien

Plus il y a d’inégalités, plus l’anticipation de demande solvable baisse, donc la production baisse, l’emploi aussi, le revenu aussi et ainsi de suite. Tout le circuit économique baisse à cause des inégalités. CQFD. Tu peux sinon exemplifier par des périodes historiques comme la Crise de 1929 où les inégalités ont joué un rôle essentiel. Retrouve toutes les informations sur cette crise à partir de ce lien : Tout savoir sur la crise de 1929.

Les inégalités amènent une croissance plus fragile et plus instable à court terme.

BERG et OSTRY, Inequality and Unsustainable Growth : Two Sides of the Same Coin : met en avant rôle des inégalités dans les fluctuations économiques. Le niveau d’inégalités est la variable expliquant le plus l’instabilité économique. Pour ces auteurs, les inégalités pèsent beaucoup plus lourd dans l’explication des fluctuations et des crises que le développement des marchés financiers par exemple. Inversement, cette instabilité économique a un effet sur les inégalités : elle aurait tendance à accroître les inégalités en améliorant les revenus des riches et donc renforce les inégalités … Ces crises de court-terme affaiblissent la croissance de long-terme, en créant des irréversibilités touchant les facteurs d’offre (moindre investissement, moindre employabilité, moindres recettes fiscales).

Enfin les inégalités pourrait bien être la cause et la conséquence d’une grande stagnation que l’on appelle « séculaire ».

Structurellement, la montée des inégalités conduit à un déséquilibre de la croissance qui se caractérise tel que S>I (épargne > investissement). Du fait de l’épargne excessive des revenus élevés, et de débouchés anticipés trop faibles, tous les programmes d’investissement s’amenuisent (chose impossible pour ceux de l’école de l’offre !!). C’est Lary SUMMERS dans « The age of secular stagnation » (2016) qui met en avant cette théorie d’un surplus d’épargne qui nuit à la croissance. Il remarque, dans la lignée de l’école Wickselienne, que le taux d’intérêt naturel est négatif (oui oui!) et est inférieur au taux d’intérêt effectif de long terme. Puisque les taux d’intérêts nominaux ne peuvent être négatifs, et que l’inflation a disparue (revois bien les mécanismes liant taux d’intérêt et inflation) le taux d’intérêt réel courant est trop élevé, ce qui implique un sous-investissement chronique, avec un PIB qui s’éloigne de sa tendance de long-terme.

👉🏻 EXEMPLE : pour exemplifier ces axiomes, tu peux utiliser le Rapport Oxfam : inégalité et justice sociale qui affirme que, en France, les écarts de rémunération entre les PDG et la moyenne des salariés s’aggravent. Ainsi la rémunération des dirigeants du CAC 40 a augmenté de 45 % depuis 2009, soit plus de deux fois plus vite que la moyenne des salaires de leurs entreprises, et 4 fois plus vite que le SMIC.

Pierre

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Alma

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Clémence

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Pour une troisième partie sur les Inégalités 🎯

Tu pourrais utiliser pleins de nouvelles analyses, comme celle de la nécessité d’un Welfare plus adapté à la mondialisation, aux TIC, à la société d’individus. Il me semble central d’évoquer le fait que nous sommes aujourd’hui dans une logique de choix de société et il y a un besoin d’un équilibre entre des sociétés trop libérales (comme aux US) et les sociétés trop protectrices (comme en France où le coût du travail en est sans cesse augmenté). Plus généralement, je te conseille, pour réussir la fin de ton devoir,  de suivre les conseils de dissertation que tu peux retrouver sur ce lien : Réussir sa dissertation.

Voilà, j’espère que cet article t’aura aidé. Si tu as des questions, ou que tu souhaites prendre des cours en ESH tu peux me contacter sur mon profil Les Sherpas, je connais bien la matière puisque je viens d’intégrer HEC Paris après deux de CPGE. 

Et pour le mot de la fin : courage, hard work always pays off.

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