Le monde en fiche #2 : L’Afrique des Grands Lacs

Francois Vuillerme - Mis à jour le 16/03/2021

Terme assez méconnu des élèves, « Les Grands Lacs » n’inspirent bien souvent pas grand-chose. Pourtant tu connais forcément en partie les conflits que nous allons récapituler aujourd’hui.

Si on te dit « Rwanda », cela te parle-t-il plus ? Evidemment ! Le génocide du peuple Tutsi au Rwanda en 1994 est l’un des moments les plus forts de cette deuxième partie du XXIe siècle. Après la Shoah, le monde pensait qu’un tel niveau de barbarie ne serait jamais atteint de nouveau ; difficile de croire qu’un tel événement puisse avoir lieu et sous la reconnaissance des pays occidentaux ! Si tu ne connais pas trop l’affaire, pas de panique. On va bien entendu revoir tout cela avec le plus de précisions possibles. 😉

Dans ce deuxième article du Monde en Fiche, nous nous intéresserons aux événements qui ont déstabilisé la région des Grands Lacs en Afrique. Quels sont les causes historiques ? Quel en a été le résultat ? Où en sommes-nous désormais ? Tant de questions auxquelles nous allons tenter de répondre dans cet article 🧐

À quoi correspondent les Grands Lacs ? 🌍

Avant d’entamer l’observation de cette région, il va forcément falloir la définir, surtout en sachant qu’elle n’est généralement pas parfaitement connue du grand public. Si tu observes une carte de l’Afrique (et surtout de l’Afrique de l’Est), tu peux t’apercevoir qu’il existe une région possédant plusieurs lacs assez conséquents qui bordent différents pays. “L’Afrique des Grands Lacs” catégorise ainsi les quatre pays qui entourent les différents lacs de cette région du monde.

Quels sont ces quatre pays ? 🤔

💡 Il s’agit du Rwanda, du Burundi, de l’Ouganda, et de la République Démocratique du Congo. Ces pays ont une histoire plus ou moins commune et donc possèdent des ethnies qui se recoupent malgré de fortes diversités culturelles (c’est en tout cas vrai pour le Burundi, la RDC et le Rwanda). Cette question des ethnies sera source d’un intense conflit, mais on y reviendra plus tard.

Cette appellation est aussi politique et ne s’arrête pas à la simple géographie. Effectivement si tu regardes une carte de l’Afrique, tu peux observer que la Tanzanie est proche du lac Tanganyka et le Kenya borde le lac Victoria ; ces deux pays ne font pas partie des Grands Lacs pour autant car ils n’ont pas la même histoire ni des difficultés géopolitiques communes.

Ici, les quatre pays des Grands Lacs vont faire face à des difficultés plus ou moins endémiques qui vont se chevaucher : il s’agit d’États assez poreux et dont les problèmes ne restent pas au sein des frontières, ce qui va accroître les risques et les conséquences.

Les dirigeants des pays du territoire se regroupent souvent pour aborder les questions difficiles comme le terrorisme et l’insécurité

Histoire de la colonisation 💣

💡 Les quatre pays furent colonisés par l’Europe avant de reprendre leur indépendance. La RDC (anciennement appelée Zaïre : retiens bien cela car j’utiliserai ce terme pour en parler dans la suite), le Burundi et le Rwanda ont appartenu à la Belgique. L’Ouganda de son côté fut colonisé par la Grande-Bretagne.

👉🏻Cette colonisation, bien que terminée aujourd’hui, sera l’une des principales causes des chocs que rencontreront les pays. Les massacres que connaîtront les anciennes colonies belges vont être le reflet d’une politique ethnique totalement arbitraire. Pour faire assez simple, la Belgique a scindé les populations des pays en leur donnant des ethnies officielles (qui ne recoupent parfois pas les vrais rapports ethniques de la région) et s’est appuyés sur certaines minorités en leur donnant du pouvoir. De là ( C’est ainsi que ) renaît l’ethnie Tutsi et l’ethnie Hutu au Rwanda et au Burundi.

Des ethnies basés sur des caractéristiques raciales choisies par les colons

! Attention ! il est important que tu comprennes que ces deux ethnies existaient bien avant la colonisation MAIS elles ont été « figées » arbitrairement par les colons belges sur des critères physiques et géographiques. Être Hutu et Tutsi à partir de 1884 (quand les premiers Européens entrent sur le territoire) n’a pas du tout le même sens que durant les siècles précédents. Ici on parlera de cette ethnie comme celle qui a été décidée par les Belges, c’est-à-dire dans un souci de conquête et de maîtrise d’un territoire colonial.

💡 Sous le colon, la différence entre Hutu et Tutsi va se jouer sur leur positionnement géographique, leur activité professionnelle et leur « caractéristique raciale » :

Un Hutu d’une ethnie d’agriculteur et de paysans sera vu comme plus « méprisable » et « moins apte à coopérer et à diriger » pour les colons tandis qu’un Tutsi est d’une ethnie d’éleveur où l’on pouvait y trouver de riches propriétaires, comme une caste « noble ». C’est cette distinction fondamentale qui va diviser le pays en plusieurs ethnies dans une hiérarchie qui n’existera qu’à partir de cette colonisation des Belges. Et c’est cette hiérarchie qui va amener les différents conflits et massacres que connaîtra la région.

👉🏻 Cette vision des colonisateurs amènera des différenciations injustes entre les Hutus et les Tutsis. Ces derniers auront un accès privilégié aux études et la gouvernance, tandis que les Hutus seront relégués au rang de subalterne. Plus loin encore, les colons vont aller jusqu’à la création officielle d’un document d’identité sur lequel l’ethnie sera visible de tous. La réalité ethnique africaine qui peut être changeante et qui fonctionne principalement sur l’appartenance et le sentiment personnel en priorité va se retrouver piéger dans une case raciale dont on ne peut sortir officiellement. Les Hutus seront donc d’éternels « seconds couteaux » d’après ce document d’identité et cela explique le terreau de rancune qui va exploser quelques décennies plus tard.

👉🏻 Les années 1950 seront décisives dans l’explication de la guerre civile de 1990 dans la région. Durant cette période, les Tutsis éduqués revendiquaient l’indépendance. Cette indépendance n’était pas négociable pour les colonisateurs qui justifieront cette volonté des Tutsis par le rapprochement vers les idéaux communistes. Nous sommes en pleine Guerre froide et la peur d’un communisme qui se propagerait en Afrique (comme ce qui a eu lieu au même moment en Asie) poussera les pays colonisateurs à déstabiliser à tout prix les groupuscules pro-indépendance. Les européens vont donc s’appuyer sur la majorité ethnique du pays, les Hutus, pour maintenir leur force et leur position dans Les Grands Lacs. Les Tutsis seront alors discriminés et certains s’exileront dans les pays aux alentours. C’est un retournement de situation et un changement de poids dans ses alliés de la part des pays colonisateurs : l’ethnie Hutu était celle qui les arrangeait alors dans la domination du territoire.

💡 L’Indépendance sera tout de même proclamée en 1962 au Rwanda après plusieurs années de guerre civile : c’est la Première République Hutu. Cela profite tout de même aux colonisateurs car les Hutus leur semblent plus malléables pour leurs propres intérêts. Cette indépendance demandée par les Tutsis fut refusée uniquement car les Européens perdaient leur emprise sur la région ; l’indépendance Hutu n’était pas le signe d’un affaiblissement des Européens dans la région, bien au contraire !

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Une indépendance qui signe le début des massacres☠️

Une vie de massacres…

Comme expliqué précédemment, les Hutus obtiennent le pouvoir au Rwanda et une partie des Tutsis est persécutée : des milliers de Tutsis fuirent leur pays. Cependant dans les années 1963, les Tutsis tentent de rentrer de force au Rwanda mais échouent. Le premier massacre commença en décembre 1963 en réponse à ces tentatives de passage en force des Tutsis exilés : on compte entre 8 000 et 12 000 Tutsis massacrés. Pourtant, ils continueront leurs actions.

Pourquoi les Tutsis tentent de reprendre le pouvoir ?

💡 Les Tutsis n’acceptent pas d’être dirigés par les Hutus et rêvent d’un retour de la monarchie tutsie. Ils souhaitent bien entendu redevenir l’ethnie forte du pays car c’est « historiquement leur place » sous la colonisation belge. Les Tutsis exilés souhaitent pouvoir rentrer chez eux.

Mais les Tutsis ne sont pas les seuls à subir le contrecoup de cette politique ethnique : en 1972 au Burundi, les Hutus sont massacrés par milliers à leur tour, ce qui obligea le gouvernement Hutu du Rwanda à répondre à cela par une plus grande persécution dans son propre pays. Le conflit entre les deux ethnies devient global et prend en compte les Grands Lacs dans leur entièreté puisque ce conflit rythme la vie au Rwanda et au Burundi et les Hutus se retrouvent en grand nombre en Ouganda et au Zaïre (l’ex-RDC).

Les sources du conflit💥

1) La question ethnique

La question ethnique est une évidence d’après tout ce que nous avons expliqué plus tôt. C’est cette fixation et cette instrumentalisation des ethnies dans la région des Grands Lacs qui va amener au génocide quelques décennies plus tard.

2) La question foncière ?

Certains spécialistes s’accordent à dire qu’en plus de cela, la question des difficultés foncières et de la surpopulation sur ce territoire a exacerbé les conflits. Les structures sociales auraient éclaté à cause d’une augmentation de la pauvreté dû à la crise foncière, une grande partie de la population vivant principalement de la terre. C’est une manière de lire le conflit qui n’est pas au goût de tout le monde, mais cela montre que les sources d’un conflit peuvent être multiples et parfois insoupçonnées; la question ethnique cachant les potentielles autres raisons.

3) La religion ?

👉🏻 La religion n’a pas été en tant que telle l’une des sources du conflit mais a eu plus ou moins d’impact quant à la transmission de l’information en dehors du pays ainsi que sur la stratégie mise en place pour aider l’un des deux camps.

Le territoire est ainsi parsemé de réseaux religieux formé par l’Église catholique durant la colonisation, lorsque le rôle des missionnaires était prépondérant dans la maîtrise des peuples et du territoire.  

On comptait 90% de chrétiens au Rwanda au début des années 90. L’influence de la religion chrétienne était considérable et il est donc difficile de ne pas croire à une potentielle participation indirecte des institutions religieuses dans le conflit. Cela est vrai initialement avec l’arrivée des colons et des missionnaires qui ont éduqué au départ uniquement les Tutsis et ont donc appuyé cette différenciation des peuples, même si ce sont les éducateurs chrétiens à avoir été les premiers à remettre en cause le manque flagrant d’égalité dans l’éducation des Rwandais. Cependant, il est difficile de ne pas admettre le rôle de la Démocratie Chrétienne Belge durant les mouvements d’indépendances des Tutsis. L’appui pour les Hutus a été impulsé par le monde chrétien en partie.

💡 L’Eglise n’aura cependant pas appelé à commettre le génocide et dénoncera dès le début les massacres (qu’ils soient hutus ou tutsis) mais elle aura appuyé pendant une trentaine d’année les thèses racialistes et a donc favorisé la scission du peuple : la théorie des 3 races (Hutu, Tutsi et Twa) a été fondé par un archevêque.

1994-1997 : Des années d’intenses conflits 🌡️

Commençons tout d’abord par l’événement majeur qui explique le départ du génocide au Rwanda : en avril 1994, un avion transportant le président Hutu Habyarimana (Rwanda) et le président Ntaryamira (Burundi) est abattu à Kigali, la capitale du Rwanda. Il s’en suivra un génocide dont je parlerai plus amplement dans la prochaine partie.

👉🏻 Rapidement au Burundi le président intérimaire prend ses fonctions et s’efforce d’éviter les risques de guerres civiles. Le gouvernement parviendra à maîtriser suffisamment son pays pour ne pas sombrer comme le Rwanda malgré de fortes tensions internes.

Le génocide du Rwanda va amener un exode massif de réfugiés vers le Zaïre. On parle de plus de 2 millions de réfugiés en quelques mois. Quelques semaines après, le FPR (Front patriotique rwandais) forme un gouvernement avec comme président un Hutu, Pasteur Bizimungu, et un vice-premier ministre (et ministre de la défense) Tutsi, Paul Kagame. Ce deuxième nom te dit peut-être quelque chose puisqu’il s’agit du président actuel du Rwanda !

Un exode dantesque pendant le génocide des Tutsis

👉🏻 Les génocidaires Hutus fuirent en grand nombre dans les pays voisins, c’est-à-dire en Ouganda et au Zaïre. Les Tutsis vont poursuivre et chasser les génocidaires soit par vendetta, soit par justice. Des centaines de véhicules armés entrent au Zaïre.

L’année 1995 verra une augmentation importante des affrontements meurtriers au Burundi. Les Tutsis massacrent les Hutus et certains fuient à leur tour au Zaïre rejoindre les poches de réfugiés hutus burundais déjà présentes sur place. Durant la même année, une conférence a lieu au Zaïre pour trouver un terrain d’entente avec les pays des Grands Lacs afin de rapatrier les exilés et sortir les Tutsis récalcitrants.

En 1996, la déstabilisation continue malgré le travail de l’ONU qui était de remettre de l’ordre. C’est l’année des exhumations, des rapatriements et des jugements des génocidaires. L’armée burundaise fomente un coup d’Etat et amène le major Pierre Buyoya à prendre le pouvoir. Il faudra attendre de longues négociations jusqu’à septembre de la même année avant d’obtenir quelque chose de la part de la rébellion Hutu burundaise restée au pays.

💡 Cependant, cette fin d’année 1996 est marquée par le début de la Première guerre du Congo (donc au Zaïre). 200 000 burundais et rwandais vont fuir les conflits entre l’armée zaïroise et les rebelles appuyés par les pays voisins. Le gouvernement zaïrois accuse le Burundi et le Rwanda d’ingérence et désire renvoyer tous les réfugiés de son territoire. On assiste alors, le 15 janvier, aux premiers combats offensifs entre l’armée zaïroise et les rebelles Tutsis. Mais nous verrons cela plus loin lorsque l’on abordera les conflits au Zaïre.

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Zoom sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 ⚰️

Un génocide d’une extrême violence

👉🏻 Comme on l’a indiqué un peu plus haut, l’attentat des présidents rwandais et burundais est l’événement-clé qui a conduit à cette explosion de violence. On ne va pas te raconter jour par jour tout ce qu’il s’est passé mais plutôt te donner quelques chiffres que tu peux réutiliser et qui valent mille mots :

  • Le génocide a duré environ trois mois. On dénombre 900 000 à 1 million de Tutsis massacrés, ce qui correspond à ¾ de la population tutsi totale ! La grande majorité des meurtres ont été perpétrés à la machette et à la massue, ce qui montre le côté sanglant et violent des massacres.
  • 93% des victimes du génocide ont été tué parce qu’elles étaient identifiées comme Tutsies. Le reste concerne les Hutus tués pendant les massacres ainsi que les Hutus qui avaient des liens de parenté avec des Tutsis. Oui, on pouvait être d’ethnies différentes dans une même famille et certaines se sont entre-déchirées.
  • 48% des victimes Tutsis sont des paysans. Le second secteur le plus touché est celui des étudiants de niveau lycée/supérieur (21%).

💡 Aujourd’hui, le pays est en paix malgré des difficultés mémorielles évidentes. Les anciens génocidaires et les rescapés vivent avec une réelle proximité et sont parfois même voisins. L’ambiance a de quoi être réellement étrange, mais le pays a connu des miracles économiques et sociaux majeurs qui font du Rwanda l’un des pays les plus développés d’Afrique aujourd’hui.

Petit récapitulatif global des informations sur le génocide au Rwanda

Zoom sur le Zaïre 🤔

💡 Les conflits dans les Grands Lacs ne sont pas isolés : ils se recoupent et se nourrissent mutuellement. Ainsi, le génocide des Tutsis au Rwanda jouera un rôle crucial dans la déstabilisation politique que le Zaïre rencontrera.

En effet, il est important de mentionner que les Hutus génocidaires ont dû fuir le Rwanda lorsque le génocide des Tutsis prit fin. Les réfugiés génocidaires Hutus ont rejoint les poches d’immigrations initiées par les Hutus burundais au fil des années. On parle de millions de réfugiés politiques après les exactions commises sur les territoires rwandais et burundais. Les Tutsis, n’acceptant pas ce manque de justice et craignant un retour de ces Hutus (qui ne se trouvent que dans le pays voisin qui plus est !), vont donc les prendre en chasse et traverser le territoire du Zaïre avec des véhicules lourds et les armes aux poings.

Ces Tutsis vont commettre de nombreuses exactions à leur tour sur le sol zaïrois et appuieront les mouvements indépendantistes. Contre cela, les congolais vont former des milices d’auto-défense pour faire face et reprendre leur pays en main ; pays qui se trouve plongé entre les difficultés politiques et sociales que le Zaïre connaissait initialement et auxquelles viennent se greffer des guérillas entre Hutus et Tutsis.

👉🏻 Les événements politiques au Zaïre ont conduit à la Première guerre du Congo entre 1996 et 1997 avec pour principal résultat la chute du président Mobutu qui sera chassé du pouvoir par les rebelles. Cette guerre n’est pas qu’interne au pays puisque les rebelles furent appuyés par le Rwanda, l’Ouganda et l’Angola.

Pourquoi Mobutu a chuté ?

Mobutu, un allié des occidentaux

💡 Mobutu est arrivé au pouvoir en 1965 et dirigea le Zaïre sous l’égide des Etats-Unis, souhaitant faire de ce pays un rempart contre le communisme en Afrique. Nous sommes en période de Guerre froide, et cette question idéologique demeurera l’un des fondamentaux de la construction du monde. Aujourd’hui, les vestiges de toutes les instabilités politiques liées à cette question du modèle idéologique restent visibles dans de nombreuses régions du monde : elle sera déterminante dans l’ampleur que prendra le conflit dans les Grands Lacs. Mais revenons au Zaïre :

Les années 1990 et la chute du communisme vont amener une grande vague de démocratisation sur le continent africain. Cette vague touchera effectivement le Zaïre qui subira la pression intérieure des rebelles (et cela depuis plusieurs décennies) mais aussi une pression extérieure de la part des instances supranationales. Mobutu promet des réformes mais garde la main plutôt légère en ce qui concerne la démocratisation tant souhaitée, et cela a fait redoubler les révoltes qui grondaient déjà dans le pays depuis sa prise de fonction dans les années 60. Ces rebelles profiteront de l’invasion du territoire par les Tutsis souhaitant rattraper les génocidaires Hutus qui ont fui au Zaïre.

💡 Le Zaïre changera son nom pour « la République Démocratique du Congo » en 1997 lorsque Laurent-Désiré Kabila en deviendra le nouveau chef de l’Etat.

Nous n’irons pas plus loin dans l’histoire mouvementée de ce Congo fraîchement né, mais il est bon de rappeler que la Deuxième guerre du Congo eut lieu entre 1998 et 2002 et qu’elle a été la plus grande guerre que connut l’Afrique : 9 pays furent impliqués et on dénombra 4 à 5 millions de morts (selon l’International Rescue Committee) en prenant en compte les famines et les maladies liées au conflit.

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Les milices dans le Kivu (RDC) toujours aussi dangereuses

En République Démocratique du Congo

💡 La place des milices reste prépondérante au sein des sociétés rurales dans le Kivu (région tampon proche de l’Ouganda, du Burundi et du Rwanda). On dénombre encore aujourd’hui entre 50 et 70 groupes armés congolais sur cette bande ; des groupes composés de chefs de guerre dictent leur loi et sont à la fois une protection et une menace pour la population. La région est donc comme figée dans une sorte de perpétuelle méfiance du ravivement d’un conflit : c’est d’autant plus important aujourd’hui compte tenu de l’extrême richesse du sous-sol congolais qui peut représenter une opportunité juteuse pour le gouvernement des différents pays des Grands Lacs, pour les milices, ou même pour les superpuissances chinoises et américaines.

👉🏻 Le Kivu reste donc un endroit où la loi est faite par les milices et où l’Etat n’a aucun contrôle. Il s’agit d’un territoire violent et dangereux, où les combats armés et les viols restent quotidiens.

Le territoire du Kivu, partagé entre le nord et le sud, proche du Rwanda et du Burundi

Au Rwanda

💡 La situation s’est grandement stabilisée si bien que le pays est perçu comme une référence et un possible modèle pour tout le continent africain. La région est la plus soutenue au monde par l’aide publique au développement (APD) et Paul Kagame a eu de belles réussites au niveau économique dans son pays. En 2004, le programme « One cow per poor family » qui vise à donner 1 vache à tous les agriculteurs du pays est un succès : les agriculteurs bénéficient ainsi d’une sécurité alimentaire (grâce au lait) et d’une plus grande sécurité économique.

De plus, il existe une forte volonté de régler avec justice la question des bourreaux du génocide tutsi. Confronté aux victimes dans des tribunaux de village spécialement conçu pour le génocide de 1994, ces tribunaux (appelé tribunaux gacaca) sont des instants de jugements servant à punir les génocidaires, mais aussi à pardonner et à passer à autre chose.

👉🏻 Tout n’est cependant pas si rose : même si la paix est revenue, la mémoire reste fragilisée et la structure sociale plus compliquée. Des paysans Tutsis retrouvent leurs vaches massacrées et les vols sont fréquents entre ethnies différentes. De plus, beaucoup des politiques mises en place par l’actuel président restent dans cette lignée prédatrice bien connue en Afrique. Par exemple, la constitution du pays fut modifiée par Paul Kagame pour lui permettre de rester au pouvoir jusqu’en 2034.

De plus, le Rwanda est l’un des pays qui a le plus commis d’assassinats politiques dans les pays voisins (que ce soit au Kenya, en Ouganda ou en République Démocratique du Congo). La bonne réussite économique du pays est entachée par certaines manœuvres visant à garder les apparences : la profession d’agriculteur est souvent notée de facto sur les cartes d’identités, même si l’on est au chômage… ou prostitué.

Cela permet en outre de mentir sur le véritable nombre de personnes en difficultés financières dans le pays. Même si les conditions de vie se sont nettement améliorées, le pays conserve des difficultés endémiques liées aux maladies, à la pauvreté, et à l’exploitation de minerais rares, le Rwanda étant actuellement le premier producteur de tantale (nécessaire dans l’aéronautique, la chimie ou encore l’optique).

Le Rwanda, un havre de paix après l’horreur ?

Au Burundi

💡 La situation au Burundi se dégrade depuis de nombreuses années et les conflits redeviennent dramatiques. Les violences entre la population et le gouvernement actuel (et donc l’armée) poussent les Burundais à fuir dans les pays voisins. Le dirigeant actuel, Pierre Nkurunziza, est élu pour la troisième fois consécutives et ce malgré les volontés du peuple. La population crie à la fraude alors que les tentatives de coup d’Etat pour reprendre la main sur le pays échouent.

Cette situation est devenue tendue à partir de 2015, année où le président s’est proposé pour un troisième mandat. Les violences se sont alors exacerbées et ont repris de graves proportions. Les burundais sont ainsi confrontés à une crise humanitaire dans laquelle une récession économique, une insécurité alimentaire extrême et une grave épidémie de paludisme se cumulent.

Cette crise du pays est l’une des plus sous-financée du monde, autant par les instances supranationales que par les diverses ONG.

L’Ouganda

On a peu parlé de l’Ouganda malgré sa place dans ce qu’on appelle « les Grands Lacs ». Ce pays est perçu comme un paradis pour les réfugiés des Etats voisins, notamment pour les anciens citoyens de la République Démocratique du Congo, où les conflits tribaux entre milices continuent de faire des ravages. Les réfugiés congolais sont aussi des preuves des difficultés que connaît la RDC : ils ont fui une vie de meurtres, de viols et de tortures pour se réfugier dans le pays voisin qu’est l’Ouganda. Juste sur l’année 2018, on compte près de 200 000 congolais qui sont venus se réfugier en Ouganda.

💡 Il est important de savoir que l’Ouganda pratique une politique d’accueil très ouverte pour les réfugiés des Grands Lacs. Exemplaire, le pays offre une terre et une maison à chaque famille de réfugiés et leur offre une protection et un environnement qui se veut être le plus sain possible. Les réfugiés sont humanisés et ont accès à de nombreux services : droit de travailler, droit à l’éducation et droit de se déplacer dans tout le pays. L’Ouganda est la première terre d’accueil (en tant qu’asile) en Afrique.

Cependant, la vie des réfugiés n’est pas si enviable qu’elle en a l’air sur le papier. Les maisons doivent bien souvent être construites par eux-mêmes, sans aucune aide sur la construction et les immigrés doivent obligatoirement utiliser leur argent pour obtenir tout ce dont ils ont besoin pour travailler la terre.

En réalité, le gouvernement ougandais désire une parfaite autonomie des réfugiés dans le pays mais les flux d’immigrations sont tels qu’il est devenu pratiquement impossible de soutenir efficacement l’installation et la répartition des congolais sur le sol ougandais. Cet exode massif pénalise donc tous les nouveaux réfugiés arrivant sur le territoire.

Petit récap 💖

  • Le Rwanda, le Burundi, la République Démocratique du Congo et l’Ouganda sont les quatre pays qui composent le territoire des Grands Lacs en Afrique de l’Est
  • La République Démocratique du Congo s’appelait anciennement le Zaïre, et a changé de nom en 1997.
  • Le terme “Grands Lacs” permet avant tout de faire une unité géopolitique de la région : les conflits se superposent sur les 4 États et ont donc des situations communes.
  • Le génocide des Tutsis au Rwanda eu lieu durant l’année 1994. On dénombre près de 1 million de morts en quelques mois !
  • Ce génocide avec la chasse aux génocidaires orchestrée par les Tutsis amènera la Première Guerre du Congo au Zaïre.
  • Le Rwanda et l’Ouganda s’en sortent aujourd’hui plutôt bien malgré certaines difficultés économiques et politiques. L’Ouganda est par ailleurs un territoire où les réfugiés de la RDC et du Burundi souhaitent vivre. Leur politique d’accueil est la meilleure de la région. Le Rwanda fait face à sa mémoire et parvient à stabiliser la paix.
  • La situation au Burundi et en RDC est encore catastrophique. Dans le Kivu (en RDC donc) les milices continuent de se battre en toute impunité et commettent de nombreuses exactions.
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Francois Vuillerme
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Actuellement à GEM et passionné par la géopolitique, je continue mes études dans le but de devenir manager en gestion de risques. Mes articles traiteront essentiellement de cette matière ou bien d'actualité 😉

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