Le roman, avec la poésie, le théâtre et le genre argumentatif, fait partie des piliers du programme du bac de français depuis toujours…
La bonne nouvelle, c’est que la littérature française regorge d’Histoire et de références, la mauvaise c’est qu’il faut les connaître un minimum pour les replacer en dissert ou à l’oral 😏
On se doute que ce sujet ne t’est pas inconnu ! mais il est tellement important qu’on t’a récapitulé les points clés de l’histoire du roman français depuis le Moyen Âge. 🥳
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Le roman chevaleresque et le roman courtois
A ses débuts, la littérature française a produit des textes en vers rythmant des histoires de héros. Ces textes sont à la fois les ancêtres de notre poésie et de nos romans.
Les chansons de geste (XIème siècle) 🧚♀️
Les plus vieux récits français racontent la gesta Dei per Francos (la première croisade). Ces épopées ne s’inscrivent pas dans un réel immédiat, mais dans un contexte légendaire, au sens étymologique du mot “legendum” : ce qu’il y a à lire, à comprendre.
La narration élimine – à l’inverse des romans réalistes – tout ce qui fait la banalité de la vie courante, et exalte le caractère extraordinaire des héros et de leurs actions, où il faut voir l’intervention divine. C’est la légende de ces textes : les Francs sont les héros de Dieu. La Chanson de Roland (XIème) est un texte qui exprime éminemment cela.
Le roman courtois 👫
En évoluant, le roman médiéval cherche aussi à exprimer l’amour : c’est la littérature courtoise.
👉 Chrétien de Troyes en est l’un des auteurs les plus connus, avec notamment Le Chevalier de la charrette (XII siècle). Dans ses narrations, il met en situation des chevaliers en proie à l’amour le plus pur et le plus fin pour leur “Dame”. Pour conquérir le coeur de celle-ci, ils doivent errer à la rencontre d’aventures plus ou moins merveilleuses.
Ces errances des chevaliers amoureux font intervenir des personnages issus de différentes couches sociales : les paysans, les marchands, les vagabonds… 👨🌾
Il y a donc dans ces romans une référence à une réalité sociale. Mais cette référence est très romancée et sert plutôt à créer de l’émotion, de l’aventure, du mystère, plutôt qu’à proposer une vision de la société.
Le roman populaire et savant 😵
Une autre évolution du roman médiéval s’oriente vers les récits populaires, les fabliaux.
On peut penser au Roman de Renart (XIII siècle), mettant en situation des animaux, mais aussi des personnages issus du peuple médiéval. Ces récits sont souvent satiriques, et n’affichent pas une volonté de peinture sociale, mais l’évocation du paysan, du bourgeois et du moine inscrivent ces récits dans une réalité familière.
D’autre part, en même temps, se développent aussi des récits savants comme Le Roman de la Rose (XIIIème siècle) de Guillaume de Loris et Jean de Meung. Dans une mentalité très médiévale, liée à l’amour de l’étude, de la théologie et de la philosophie, et alimentée par la création de l’université, on publie des “sommes”, c’est-à-dire des ouvrages qui se vantent d’additionner toutes les connaissances essentielles de l’époque.
C’est l’esprit de cet ouvrage qui utilise des personnages allégoriques pour représenter les notions et concepts philosophiques de leurs auteurs (Guillaume de Loris commença l’oeuvre et Jean de Meung la termina).
Les personnages ne sont pas inscrits dans une réalité immédiate, mais servent cependant, à travers des symboles et des allégories, à proposer une critique de sa société, particulièrement dans la partie rédigée par Jean de Meung.
De l’humanisme au réalisme 👨🎨
Le cas Rabelais
Le roman n’est pas un genre littéraire dominant au XVIème siècle, non plus qu’au XVII. Au XVI siècle, si des romans de chevalerie continuent de s’écrire, il n’y a qu’un auteur qui ait vraiment passé la postérité. 🌠
Il s’agit de Rabelais. Son oeuvre, tout à fait hors du commun, est une satire féroce de certaines moeurs de son époque, à travers des personnages tirés de légendes populaires : des géants.
Tout est démesuré dans son oeuvre : le langage, les images, les registres de langue, du plus subtil au plus grossier. C’est une référence incontournable pour l’année de première 😉
La période classique 💖
Au XVIIème siècle, la verve satirique des fabliaux du moyen âge et des récits de Rabelais se poursuit. Scarron produit Le Roman comique, oeuvre restée célèbre, dans laquelle, sous couvert d’une multiplication d’intrigues humoristiques, on trouve des références à la réalité de son époque.
Par contre, Madame de Lafayette initie la littérature française au roman d’analyse avec La Princesse de Clèves, en utilisant des personnages historiques de la cour de Henri II, mais qui sont plutôt des modèles universels de la relation amoureuse.
Le développement au XVIIIème siècle 📈
Le XVIIIème siècle voit se développer l’écriture narrative, à travers différentes sortes d’oeuvres à portées politique et philosophique. Mais les écrivains s’engagent aussi dans des productions plus littéraires, dans la veine du roman d’analyse, comme l’abbé Prévost avec Manon Lescaut.
D’autre part, on explore de nouvelles formes narratives : le roman épistolaire, La Nouvelle Héloïse de Rousseau, ou le roman restructurant la chronologie comme Jacques le fataliste de Diderot.
Mais toutes ces narrations reposent sur des personnages assez convenus, dont on filtre les attitudes et les paroles par des conventions littéraires. Ce ne sera plus le cas au XIXème siècle. 💃
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Du roman réaliste au Nouveau Roman
De Balzac à Zola 🧔🏻
Le XIX siècle connaît à la fois une recherche idéaliste (avec les Romantiques, les symbolistes), c’est-à-dire une volonté de s’échapper du réel ou de le transfigurer, mais aussi une volonté de représenter sans concession la réalité.
Ce sera la revendication des romanciers, avec Balzac d’abord qui veut dans son immense projet La Comédie Humaine, représenter toute la société, et dans toutes ses dimensions, même les plus sordides.
Il sera suivi de Flaubert puis de Maupassant. Puis Zola, en fondant le naturalisme, cherchera à donner des assises scientifiques et politiques à son oeuvre romanesque.
Les études scientifiques sur l’hérédité, illustrées dans le cycle des Rougon-Macquart, mettent en lumière, selon Zola, l’incapacité de l’homme à reproduire autre chose que ses tares ; il faut donc s’appuyer sur une nouvelle vision de la société capable de régénérer l’homme : le socialisme.
Le XXème siècle et la dernière évolution du roman français 💣
Le XXème siècle a engendré une importante littérature romanesque. Sans afficher de vrais courants, elle est plutôt marquée par l’expérience des auteurs et leurs interrogations devant un monde de plus en plus complexe, difficile à décrire et à comprendre.
Les guerres, les révolutions, puis les horreurs et les désillusions sont racontées par Barbusse (Le Feu), Genevoix (Ceux de 14), Gide (Les Nourritures terrestres), Giono (Que ma joie demeure), Mauriac (Le baiser aux lépreux), Malraux (La Condition humaine), Camus (L’Étranger), et il faudrait en citer bien d’autres.
La relation intime, devant une réalité souvent incohérente, est une dimension non négligeable de cette littérature. On peut citer Sartre, avec Les Mots ou Nathalie Sarraute avec Enfance.
🔍 Tous ces récits prétendent interroger la nature humaine réelle à travers des personnages qui ont toutes les marques de la réalité contemporaine.
Le Nouveau Roman 📕
Une réaction à ces choix de l’esthétique romanesque naît à partir des années 1950. Robbe-Grillet, Duras, Simon, et quelques autres ont revendiqué une autre démarche à travers le Nouveau Roman : plus de personnages déterminés dans des lieux définis, pas de chronologie exacte. ⏳
On recherche des “états de conscience”, des “polyphonies de voix” résonnant à la présence obsédante d’objets existant soudain par la fascination qu’ils exercent dans le processus narratif : Les Gommes, de Robbe Grillet. Ce dernier courant littéraire, très subtil et intellectuel, a constitué la dernière expérience remarquable du roman français.
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Conclusion sur l’histoire du roman français 📝
Depuis le XVIIIème siècle, la littérature française explore les nombreuses dimensions des techniques et formes narratives, dont le roman.
Depuis le courant réaliste, celui-ci utilise des personnages inscrits dans un espace-temps déterminé, propres à représenter tous les aspects, toutes les dimensions d’une société. Auparavant, le personnage de roman était soit un modèle à suivre, soit une caricature dont il fallait ne pas imiter le ridicule et les vices. Séduisant, ou repoussant, le héros de roman ne semblait pas surgir de la réalité, mais de la fantaisie de son auteur, ou de canons universels avec lesquels composer.
Le réalisme a préféré donner à ses personnages une “illusion de réalité”. Mais cette illusion a été remise en cause par un besoin d’authenticité des romanciers du XXème siècle, confrontés à une réalité agressive et trop complexe. Le Nouveau Roman a terminé cette remise en cause du personnage de roman caractérisé et incarnation de son époque, pour privilégier une esthétique de la conscience et de la sensation.
La littérature populaire, aujourd’hui, est revenue à utiliser des personnages parfaitement déterminés et caractérisés comme le faisait la littérature réaliste.
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